Missel de Guy de Baudreuil, mécène des arts et abbé du monastère de Saint-Martin-aux-Bois de 1491 à 1530, enluminé par Étienne Colaud (actif vers 1512-1541). Des feuillets individuels sont actuellement (Juin 2023) vendus par différents marchands, dont beaucoup proviennent d'une collection privée du Michigan, acquise avant 1999. Selon Peterson et Stones (« The Book Goes Public », Carnegie Magazine, mars/avril 1989, p.31), ce missel était initialement composé de 135 feuillets avec 48 miniatures. Des cœurs rouges couronnés à l'intérieur des initiales décorées de motifs spiralés blancs, comme sur le présent feuillet, apparaissent sur de nombreux autres feuillets et identifient le Missel comme une commande de Guy de Baudreuil (voir Les Enluminures, Catalogue 18, p.162). Nous devons à Guy le mécénat de plusieurs œuvres, notamment les magnifiques stalles du chœur de l'abbaye de Saint-Martin-aux-Bois, ainsi qu'une somptueuse tapisserie représentant Minerve et arborant ses armoiries, des cœurs rouges couronnés et des banderoles spiralées qui font écho à celles des autres feuillets du Missel (voir France 1500. Entre Moyen Age et Renaissance, 2010, pp. 331-332, n° 171). Un fragment de tapisserie, indubitablement issu de Saint-Martin-aux-Bois et portant ses armoiries, se trouve parmi quatre autres maintenant conservés au Metropolitan Museum of Art (voir S. Cavallo, Medieval Tapestries at the Metropolitan Museum of Art, 1993, cat. n° 24). Outre son rôle de mécène des arts, Guy de Baudreuil était une figure historique importante : juriste, conseiller de la Maison de Savoie et de Louise de Savoie, mère de François d'Angoulême, futur François Ier, roi de France.

Enluminure : L'enluminure situe ce Missel dans l'orbite d'Étienne Colaud et de son atelier, actif à Paris entre environ 1512 et 1536. Colaud dirigeait une importante entreprise qui enluminait de nombreux textes classiques, profanes et liturgiques pour plusieurs grands seigneurs, prélats et le roi de France lui-même. Il est probable qu'il ait été formé dans l'atelier de Jean Pichore (C. Zöhl, Jean Pichore: Buchmaler, Graphiker und Verleger in Paris um 1500, 2004). Marie-Blanche Cousseau a pu attribuer à sa main une vingtaine de manuscrits sur la base d'un Livre d'heures portant son nom (M-B.Cousseau, Étienne Colaud et l'enluminure parisienne sous le règne de François Ier, 2016). Un portrait de Guy de Baudreuil avec ses armoiries attribué à un artiste de l'entourage de Colaud apparaît dans la scène de présentation d'une copie de la Vie d'Hannibal de Pétrarque traduite en français par Simon Bourgoing (Paris, BnF, MS NAF 25165). Les visages fortement modelés des personnages agenouillés dans la miniature actuelle sont caractéristiques du style de Colaud, comme on peut le trouver dans le Roman de Palamon et Arcita dont la décoration était partagée entre le maître de l'atelier et ses collaborateurs (Paris, BnF, Arsenal, MS 5116).